Abordons une petite histoire locale sur la voie étroite en Meuse.
Le réseau de la Woëvre, sujet du jour, a été inauguré en 1913 par Poincaré. Ce réseau à voie métrique fut concédé à la Société des chemins de fer économiques (S.E.), qui comprenait les lignes Verdun-Montmédy et Vaux devant Damloup (sud de Douaumont) jusque Commercy.
Ce réseau s'étendait au nord, à l'est et au sud de Verdun. La construction fut soignée avec des lignes entièrement en voies indépendantes. En 1923, le Meusien (ou Varinot) a été racheté par le département et rétrocédé à la S.E, qui exploita le réseau jusqu'à sa fermeture en 1938.
Il est très difficile de retrouver le tracé aujourd'hui car l'armement des voies étroites était beaucoup plus léger que la voie normale et les remblais étaient moins imposants. Je cherche à retrouver des traces épisodiquement. Tout a commencé avec mes découvertes sur Commercy et cette carte postale
Elle serait de 1920. On aperçoit (en bas à droite) une voie étroite, il s’agit de la ligne inaugurée en 1913.
Au fond, on aperçoit 2 bâtiments: Cette petite gare apparaît à droite et même avec une halle sur cette autre.
Voici la façade. Un beau petit bâtiment (on voit sur la droite les installations de la "petite vitesse")
Cette autre vue nous permet de voir l'inscription dans les rues. On distingue la plaque "Commercy-Montmédy".
A cet endroit, il y a eu une caserne de pompiers et aujourd’hui des services techniques municipaux et une entreprise de BTP. L'immeuble de gauche n'a pas changé.
La gare voie étroite était la tête d’une ligne vers Verdun et Vaux-devant-Damloup inaugurée en 1913 par Poincaré. La ligne passait par Boncourt, St Julien-Girauvoisin, Liouville, et Apremont-la-Foret puis se poursuivait vers Verdun via Woinville, Vigneulles et Fresnes.
En voici le tracé approximatif...
Au delà, elle poussait jusque Montmédy. Elle est assimilée au Varinot (Bar-le-Duc / Verdun) mais était indépendante bien qu'embranchée dans la région de Verdun. En cherchant, on trouve des photos de la grande gare pavoisée, sans doute à l'occasion de la venue présidentielle pour l'inauguration (les dates concordent). De plus, le Président Poincaré avait maison à Sampigny (les currieux reprendront l'article: http://lereseaudepsx.e-monsite.com/pages/archeo-ferro/de-lerouville-a-saint-mihiel.html).
Cette CPA date du 18 août 1913. On voit le président Poincaré debout dans la calèche. On notera la présence de volets (à l'étage) côté rue du bâtiment (ils subsistent côté voies)
A Commercy, il ne reste quasi rien de cette ligne, l'emplacement de la gare est réoccupé mais j'ai trouvé des personnes qui ont encore connues cette gare (fermée) donc je suppose qu'elle a été détruite dans les années 80. En cherchant un peu aux alentours, j'ai trouvé les culées de petits ponts sur un ruisseau non loin de cette gare à voie étroite.
Deux voies se séparaient et enjambaient le ruisseau. Le gabarit atteste d'une voie étroite. Il n'y a plus d'autres traces.
Plus loin, à Apremont-la-Forêt (20 km environ), il reste cette petite gare qui a sans doute été reconstruite après 1919.
Car Apremont a totalement été rasée en 1914-1918 et le village actuel porte les traces d’une reconstruction atypique (un village qui n’a pas la forme d’un village-rue lorrain), des terrains non rebâtis et des édifices offerts par les pays alliés pour la reconstruction comme le lavoir offert par une ville américaine !
photo PSX
La plaque émaillée de la gare se trouve sur un bâtiment voisin qui a abrité un temps un musée du train (point de vente aussi) tenu par Guy Ecoffet (décédé en avril 2012). Il y avait une grande collection de trains HO (et d'autres échelles) mais aussi un train en voie de 60 et des quantités d'objets divers en rapport avec la SNCF (plaques de locos, lampes, outils etc...). Une riche collection aujourd'hui disparue. J'en profite pour saluer la mémoire de cet ami qui a été une aide précieuse pour la constitution de ma collection personnelle.
Après Apremont, prenons la direction de Vigneulles les Hattonchatel. Les installations étaient bien occupées en 1914 comme l'attestent ces documents où l'on reconnait les uniformes Allemands
Les bâtiments détruits ont été remplacés par des constructions en bois en remplacement des bâtiments d'origine détruits
On comprend bien les dégâts sur ce cliché allemand.
La gare a été reconstruite qui doit être celle que l'on peut encore voir aujourd'hui
Il reste les bâtiments mais la halle est invisible et l'accès est impossible.
Le batiment est utilisé comme centre d'exploitation.
et il reste le château d'eau de petit gabarit ce qui confirme bien l'usage de la voie étroite.
A Fresnes en Woevre (prononcer "ouavre"), la gare est bien présente,
elle est devenue le local de l'équipement, l'aile droite a été allongé.
D'après une carte la ligne pourrait avoir eu des stations dans d'autres villages mais je n'ai pas encore cherché. Pour le reste, j'ai trouvé quelques informations sur http://leblogdemontmedy.blogspot.fr/2014/11/le-reseau-de-la-woevre-montmedy-verdun.html mais je n'ai pas poussé mes recherches.
En résumé, la ligne Commercy / Vaux-devant-Damloup - (66 km) fut ouverte en 1914 et fermée en 1938 ; à laquelle s'ajouta Verdun - Vaux-devant-Damloup - Montmédy, (61 km) avec les mêmes dates d'ouverture et de fermeture. Ce réseau s'étendait donc autour de Verdun (est, nord et sud). La construction était soignée, mais elle ne doit pas s'assimiler au "Varinot" chemin de fer entre Bar-le Duc et Verdun (essentiel au ravitaillement lors de la bataille de 1916). Les deux réseaux étaient indépendants bien qu'en liaison. Dès 1914, le front coupa le réseau en deux endroits; les Allemands utiliseront la section nord, au départ de Montmédy pour alimenter le front de Verdun. La gare de Montmédy-ville devient pendant quatre ans "Montmédy-Süd".