Mettre en valeur une épave
Il se trouve que dans un lot, j'ai trouvé un jour une épave de 17000 jouef.
Il n'y avait rien à récupérer, elle avait été repeinte comme un dégueu. Pas de mécanique, châssis cassé, de très nombreuses pièces manquantes... enfin, bonne pour la poubelle: donc un beau défi. Inutile de chercher à restaurer la bête mais en faire une épave en fond de dépôt, voilà une chose réalisable.
Premier travail, la mettre à nue pour la décaper: Opération démontage (le plus proprement possible) pour enlever tout ce qui dépasse (j'ai laissé des pièces peintes pour les décaper dans la foulée). Il suffit ensuite de l'enfermer 1 nuit dans une boite hermétique en l'aspergeant généreusement de décap'four: attention c'est nocif. Le lendemain, il faut bien la rincer. On retrouve les couleurs d'origine. On peut travailler sur du propre.
Puis, je l'ai repeinte à la bombe... un vert léger qui sera salit.
Le plus dur est de refaire la livrée avec les marques blanches pour obtenir ceci!
(photo: l'intégrale du matériel SNCF 1970 éditions LVDR)
On s'occupe des vitres, phares. Ceux-ci avaient été très abimés.
On a deux solutions: soit ne pas les remettre car il arrive souvent que les machines réformées servent de réserve de pièces donc elles sont cannibalisées. Soit les remettre. Vu leur état, j'ai tout remis en place après avoir passé du Klir pour rattraper un peu les surfaces (c'est un peu mieux). De toute façon, dans cet état, elles ne me serviront à rien.
La peinture verte de base est donc posée, il faut dire que d'habitude on fait l'inverse... les petites parties d'abord et après seulement on les masque pour passer les grands à-plats. Mais là, la loco était tellement immonde que j'ai préféré repartir sur du presque "propre".
J'ai appliqué une autre nuance de vert (plus foncé) pour être au plus proche de la livrée d'origine sur la photo originale.
On détaille aussi par des touches de peinture ce qu'il reste de la ligne de toiture! Donc ça avance!
En principe, on devrait appliquer du scotch de masquage, peindre et le retirer mais la peinture verte partirait avec même étant rigoureux sur la découpe, ça va baver et comme le vert m'accroche pas des masses, ça va dégrader le tout. Alors, il m'est venu l'idée de faire des bandes dans des étiquettes autocollantes et bien appliquer sur la caisse. La plus dur sera la face avant. En étant rigoureux, on arrive à faire un truc acceptable de loin, en espérant un peu de tenue dans le temps... on patinera de toute manière. Les photos montrent les défauts mais de loin ça va, c'est vrai que les bandes hautes sont un peu grosses (elles font pourtant moins de 1 mm).
Les faces avant vont être plus difficiles à réaliser. Je me suis donc résolu à le faire à la main en oubliant pas de refaire le logo (argent + rouge); histoire que ça ressemble encore à un truc. C'est moins beau et moins fin (d'accord... c'est faux et horrible) mais n'oublions pas qu'on maquille un cadavre.
Le châssis est aussi sali avec des coulures noires sur les boites d'essieux.
On peut se rapprocher
Puis on commence à remonter la loco en posant les mains-courantes et en remettant le châssis
La patine se fait après remontage par un jus de noir et par une seconde couche en peinture terre ombrée généreusement étalé à certains endroits (surtout au niveau des points moins soignés: on cache la misère). Malgré la couleur de fond un peu claire, la patine atténue bien l'aspect.
Il faut que je sois honnête, j'ai trop forcé sur la patine: noir, terre, piqures de rouille (un peu trop) mais l'idée était bien de faire l'engin bien pourri et abandonné en attente de découpe.
Les dessus de cabines sur les danseuses sont aussi souvent très sales et voilà enfin une belle épave qu'on va mettre à pourrir dans un coin. Je ne suis pas trop mécontent.
On peut aussi faire l'opération avec une vieille vapeur hors d'usage...
Mettez en valeur du matériel que vous auriez jeté, rien que pour faire la main... c'est simple, pas cher et écolo en plus
