Le modélisme est un monde où chacun apprend quelque chose à l’autre.
L’autre jour, je me promenais sur une bourse et un monsieur à côté de moi s’extasiait sur…ça
Oh, la pacific Chapelon !…
Moi je n’ai pas pu m’en empêcher … Pardon, mais c’est tout sauf une Chapelon ! (Déformation professionnelle, je suis payé pour expliquer et rectifier les erreurs des autres).
Le monsieur prend immédiatement des tours… « Monsieur révisez votre histoire !! Moi j’ai un livre sur Chapelon, cette machine a été transformée parce que Chapelon n’en a jamais construite, moi je sais, elle faisait 4000 ch ! »
Ok, Chapelon, grand ingénieur s’il en est, n’a jamais eu la chance de construire de locos entières mais il en a transformées.
- Oui, monsieur, moi je sais, le compoundage… et patati et patata.
Alors rendons à César, Chapelon n’a pas inventé le compoundage (ce système fut appliqué aux locos par Anatole Mallet…. autre homme connu). Chapelon l’a appliqué de manière géniale nuance. Par ailleurs, il a en partie créé le système Kylchap (Kylala+Chapelon) pour améliorer le tirage donc le rendement du foyer.
Alors cette loco Chapelon ou pas ?… eh bien ce n’est pas une Chapelon !… les gens ont tendance à croire que parce qu’elle est « chocolat » c’est une Chapelon. La compagnie du nord avait toutes ses locos de ligne en chocolat filets jaunes.
Il suffit de prendre des livres de base (comme ceux des éditions At…) écrit par Clive Lamming qui est un homme qui fait autorité. On trouve facilement l’information.
Cette loco a été intégrée à la SNCF sous la lettre 2-231 C et non comme la Chapelon 2-231 E (transformation de pacific PO de 1909).
Les 231 C sont nommées super-pacific au regard de leur compacité et de leur puissance. En 1931, les futures 231 C ont bien été transformées mais par De Caso (le monsieur des 232).
Comment reconnaître les 2 locos ? … elles n’ont rien de commun si ce n’est la couleur. Petit jeu genre 7 erreurs.
la 231 E de la cité du train
et une 231 C
La boite à fumée est plus grande sur les C avec un tablier incliné (celui des E est plat avec une épaisse traverse de tamponnement). Et les pare-fumée, vous avez vu la différence ?
Surtout, les roues des C sont entièrement visibles (le tablier des E descend plus et couvre une partie des roues). Le châssis est horizontal sur les E alors que les C ont un décrochement au dessus du bissel avant.
Les 231 E montre un tuyau en S derrière la boite à fumée du haut vers les cylindres (que les C n'ont pas)
L’abri est aussi différent avec de petites vitres rectangulaires sur la C et des vitres ovales sur les E pour le devant. Sur le côté les vitres des E sont arrondies et doubles alors que la C n’a qu’une échancrure.
Souvenez vous… « Moi j’ai un livre sur Chapelon, moi je sais !»…
- oui mais monsieur, la loco dans la boite jouef est une 231 C et pas une 231 E !
- Ah bon, vous croyez ? »… là, je suis parti !
Des livres, j'en ai aussi... mais il faut les lire, les compendre et les retenir... comme dit mon ami Philippe: "ce n'est pas parce qu'on a le Larousse, le Robert et le Littré qu'on est académicien"... à méditer.
Reprenons ma phrase du début : « Le modélisme est un monde où chacun apprend quelque chose à l’autre. »
C’est vrai que j’ai appris beaucoup de ce monsieur… sur la nature humaine surtout !
Et s’il est vrai qu’on peut se tromper et que je peux réviser mon histoire, d’autres pourraient réviser leur technique et avoir simplement le sens de l’observation.