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Daumier
Honoré Daumier (1808-1879) est un graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique du XIXe siècle.
Dessinateur prolifique (4000 lithographies sans compter ses autres œuvres), il est surtout connu pour ses caricatures d'hommes politiques et ses satires sociales. Il a changé la perception que nous avons de la caricature.
Contredisant les aspirations de son père, Daumier fait ses premiers pas dans la lithographie et produit des plaquettes pour des éditeurs de musique, ainsi que des illustrations pour des publicités entre 1817 et 1822. Il travaille dans l'anonymat pour les éditeurs, en imitant le style d’artistes à la mode.
En 1830, il commence une carrière de caricaturiste politique. Même si certains dessins lui vaudront prison et amendes (le Gargantua visant Louis Philippe), il continue son activité de caricaturiste politique jusqu'en 1835 où la loi sur la censure de la presse aboutit à l’interdiction des journaux qui lui commanditaient ses dessins. Il commence alors à se consacrer à la satire des mœurs de ses contemporains qu'il poursuivra jusqu'en 1848.
Ses dessins paraissent dans La Caricature puis Le Charivari : journal qui joue un rôle important dans la vie politique de l'époque. Daumier produit beaucoup de caricatures sociales pour Le Charivari; on a rarement la date sauf à retrouver le numéro en question car les dessins ont été aussi beaucoup reproduits.
Face à un artiste aussi prolifique, il serait idiot de vouloir être exhaustif. Nous allons donc nous recentrer sur ces dessins à propos du chemin de fer et encore, nous ne verrons que quelques exemples.
Daumier ne s’intéresse pas aux trains mais aux voyageurs, à leurs travers, à leurs angoisses voire à la manière dont ils sont traités par les compagnies. C’est une galerie de portraits à la fois juste et caustique truffée de détails qui sont une mine d’informations pour celui qui étudie la société de la Monarchie de Juillet au Second Empire. Certains dessins sont tirés d'une série intitulé « Trains de plaisir » de 1864. Je dois avouer que je n'ai aucune image originale, donc vive internet !! Un dessin de Daumier se négocie à 8 €, une belle litho aux environs de 25 € mais une belle aquarelle peut facilement atteindre 180 € voire frôler les 1000 €.
De nombreux dessins ont été reproduits et mis en couleur avec de très jolies nuances. Chacun de nous a sûrement vu un Daumier au moins une fois...sinon venez découvrir.
Alors décortiquons-en quelques unes et amusons nous.
Commençons par ce Trains de plaisir.
Légende
Quand après dix assauts infructueux, on arrive enfin à conquérir une place dans un wagon, on éprouve un premier et bien vif plaisir.
description |
interprétation |
Une foule d'hommes et de femmes prennent d'assaut un train. La légende nous indique entre les lignes que le vrai plaisir est celui d'avoir enfin trouvé une place. le dessin donne impression très astucieuse. Les personnages ont de la difficulté à monter car l'effet est celui d'un déversement des wagons vers le quai. En gros, les personnages sont à contre courant de l'impression du dessin ce qui renforce l'impression de difficulté. Les Hommes sont en premier, les femmes en second ordre.
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Commençons par dire que Daumier ne fait pas preuve de misogynie, au contraire, il respecte scrupuleusement la bienséance du passage des hommes en premier et des femmes en second. Eh oui, les hommes galants sont dans l’obligation de passer les premiers dans les escaliers…et marchepieds (pour ne pas regarder sous les jupes) et aussi pour entrer dans un café (afin de protéger les dames en cas de rixes et autres objets volants…si, si). Donc, l’ordre des sexes est parfait. Daumier raille les trains des plaisirs, à savoir ceux destinés à des escapades de fin de semaine. Elles ont eu beaucoup de succès, pensons aux bords de Marne et autres guinguettes. Mais les compagnies avaient un réel souci de prise d’assaut des rames car la puissance des locos étant limitée, le nombre de voitures (donc de places) l’était aussi. Ainsi, une surpopulation occupait les rames. Parfois en montant en marche même. D’où l’idée de verrouiller les voitures de l’extérieur ce qui abouti à la catastrophe de Meudon en 1842 (57 morts écrasés et/ou brulés et 107 blessés dans des voitures en bois suite à une rupture d’essieu de la loco de la 1° loco tireuse, la 2° l’ayant poussée…un carnage) Donc, Daumier nous renvoie au fait que le premier plaisir (après 10 essais dans la légende) est celui d’avoir enfin une place…ça gâche la fête non ? |
Légende
- il me semble que nous allons dérailler !
- Vous avez peur en chemin de fer ?...moi pas…ma vie est assurée pour cent mille francs…je ne serais même pas fâché qu’il nous arrivât un accident pour pouvoir me faire payer une indemnité par ma compagnie…
description |
interprétation |
3 personnages, deux hommes et une femme vivent un chaos dans un compartiment avec la peur de dérailler. Le personnage central se réjouit de la perspective car il est assuré. La femme âgée fait visiblement un malaise ; très pâle, elle semble s’écrouler alors que l’autre homme est très étonné. |
Dans ce dessin peut-être de 1840, Daumier fait référence à la fois à un manque de sécurité mais aussi à une disposition des assureurs qui proposaient effectivement à leur clients des assurances contre les risques ferroviaires au parcours ou en abonnement (Assurances Norbert Estibal 12 place de la bourse Paris par exemple). On peut se pencher sur le graphisme du personnage central. Son allure, costume et bedaine, nous laisse penser que c’est un bon bourgeois. Mais son visage et sa posture sont curieux. D’abord le visage, très anguleux, décharné, n’est pas sans faire penser à un squelette - les images de la mort qui trainent depuis les danses macabres du XIV° siècle ou les vanités du XVI-XVII°. De plus, les mains et genoux ouverts ont sans doute à la fois un sens d’invite - invitation macabre - mais aussi, ils forment une croix sur le centre de l’image et du personnage, marquant sa fin prochaine. Cette invite prend l’essentiel de l’espace en largeur du compartiment (environ ½) ; donc voyager en train est dangereux ! La mort vous invite…c’était un autre temps. |
Changeons de registre
Légende
Il faut que vous fassiez encore place à sept voyageurs…vous prenez trop vos aises dans votre compartiment !
description |
interprétation |
Un employé invective les passagers pour trouver encore des places. Cette image est révélatrice de la « période grosses têtes » de Daumier. Cela renforce l’aspect caricatural. Il reviendra à des proportions plus fidèles à la fin de son œuvre. Le train est très schématiquement représenté, il est proche d’une forme de manège. Les séparations entre les voitures n’existent pas, les roues sont nombreuses et tous les wagons sont à claires-voies. Une seule porte est visible. Un groupe est déjà juché sur le toit. |
Cette image de surpeuplement ferroviaire n’est pas sans faire penser aux trains des pays d’Asie comme l’Inde par exemple. Que doit-on comprendre. L’agent reporte sur les voyageurs les insuffisances des compagnies. Le train a été vite victime de son succès. Les trains bondés étaient courants et impossible d’augmenter l’offre de transport par manque de matériel. De plus, on dépassait largement les capacités de puissance et de freinage des engins. Mais avouons que les usagers n’étaient guère disciplinés. Monte en marche, ouverture des portes idem, escalade des voitures. La notion de sécurité était absente face à un nouveau moyen de transport dont les codes comportementaux étaient à inventer. Les accidents furent très nombreux. |
Légende
Un train de plaisir un peu trop gai.
description |
interprétation |
Un groupe visiblement ivre, perché sur le toit d’un wagon, a du mal à se contenir. Les espaces du voyage ne sont que suggérés, esquisses du compartiment et des cloisons et vagues bancs sur le toit |
Damier se moque bien ici de l’indiscipline des petites gens, ceux qui voyagent en 3° classe mais qui aussi profitent d’un peu de temps libre pour profiter de la vie. S’aviner aussi. Les temps étaient durs et les amusements peu nombreux, autant en profiter. L’image de ce retour issu des trains de plaisir n’est pas tant plaisante que ça et annonce une bonne gueule de bois. Pas si plaisante non plus pour la dame en bas à gauche qui reçoit du vomi sur la tête venu d’un passager qui a perdu son étanchéité. Allons un peu plus loin, si vous regardez bien l’image, Daumier utilise un artifice de peintre pour suggérer un mouvement. Du personnage à droite vers celui de gauche, on a une impression de mouvement (+/- une vague) qui pourrait aussi bien être le même personnage à différents moments de l’action. Calme, il boit puis de lève (il a le vin gai) pour s’écrouler de rire et rebondir jusqu’au burp fatal. Ce mouvement du personnage est à l’unisson du déplacement du train, la vitesse et l’ivresse projette le personnage vers l’arrière et burp ! Cette mise ne scène est basée sur des faits réels hélas |
Encore ?
Légende
Mr Prud’homme : Je ne monte jamais dans un wagon où se trouve un voyageur seul. Mes principes de sécurité personnelle s’y opposent.
Le conducteur : Je ne peux pourtant pas vous mettre dans le compartiment réservé aux dames.
Mr Prud’homme : Je préférerais.
description |
interprétation |
Une scène de discussion entre un usager et un conducteur. Le monsieur ne veut pas monter dans un compartiment avec un inconnu. Il préfère la solitude mais accepterait le wagon « dames seules »… |
Un conducteur –chef de train (à ne pas confondre avec le mécanicien)- doit négocier sa place avec un voyageur. Il pouvait placer les voyageurs pour optimiser le remplissage de la rame. Ils furent souvent victimes de la colère de voyageurs intransigeants. Pourquoi notre homme refuse de voyager avec des inconnus ? Il y a sans doute plusieurs raisons. La première est une méfiance, on se retrouve seul avec un individu et rares sont ceux qui comme aujourd’hui gardent le silence (les portables n’existaient pas !). Ensuite, il y a eu effectivement pas mal d’individus louches et Daumier ne manque pas de les croquer. A nouveau mode de transport, nouveaux codes et nouvelles sociabilités. Autre hypothèse, notre homme serait-il entreprenant ? Et oui, les compartiments « dames seules » existent bel et bien. Ils ne sont pas obligatoires pour les dames (et moyennant sûrement un supplément) mais s’ils existent c’est que les dames étaient effectivement souvent importunées et c’est la solution trouvée par les compagnies pour garantir leur tranquillité |
Confirmons cette impression d’insécurité par cette image où les deux personnages se regardent de travers, chacun étant armé. Et pourtant, nous sommes en première classe comme l’atteste le capitonnage du compartiment et les costumes.
Mais tout n’est pas aussi redoutable dans le voyage…
description |
interprétation |
Sur cette aquarelle tirée d’un dessin de Daumier, un couple avec enfant se retrouve dans un compartiment en face d’un homme seul Les mines sont graves sauf la femme apeurée sans doute. |
Cette image peut amener à se poser beaucoup voire trop de questions. Gardons nous de sur-interpréter c’est-à-dire d’y voir des éléments que l’auteur n’y a pas mis. L’ambiance est somme toute religieuse. Deux personnages de gauche ont les mains jointes qui peuvent évoquer la prière. Peut-on croire que l’ensemble de gauche constitue une famille ? Sans doute mais on remarquera que les deux adultes ont des traits très anguleux, sinistres alors que les deux autres sont plus joufflus. La femme très pâle (renforcé par le blanc et la coiffe) tient serré un animal comme pour se rassurer. Mais rassurée de quoi, de la peur d’un accident ou du personnage en face d’elle, il a l’air assoupli mais tous sauf la dame ont les yeux fermés. Le personnage de droite tient sa canne mais de manière différente de celle de l’autre homme…peut-on y voir une allusion grivoise ? ca expliquerait l’attitude de la femme mais est-ce dans l’air du temps ? Peut-être si on se réfère à l’image de la femme dans Zola (La Bête Humaine 1890). Ce dessin innocent est-il malsain ? pourquoi pas, il ne faut pas croire que nos ancêtres étaient des anges. |
Légende
M. Prud'homme: Vive les wagons de troisième classe, on peut y être asphyxié mais jamais assassiné.
description |
interprétation |
Retour de M. Prud’homme, de classe moyenne, personnage récurrent ? Assis face à nous dans un wagon bondé en 3° classe, il est heureux de cette promiscuité prolétarienne. Un personnage au second rang (à droite) tourne la tête, pour regarder ou écouter ce que Prud’homme a à nous dire |
Daumier nous prend à témoin avec ce personnage qui nous regarde (il est le seul à le faire). Il a envie de communiquer comme si nous étions en face de lui. Pourtant avenant, il nous met mal à l’aise avec ses gros yeux lunettés, son chapeau melon et son embonpoint. Il a un côté batracien tout en rondeur ce qui est pourtant rassurant au sens morpho-social. Il est au centre de gens modestes, sans doute des paysans (à sa droite et à sa gauche), ils détournent le regard montrant qu’ils sont étrangers aux considérations de M Prud’homme. La foule le rassure, y avait-il tant de danger ou est-ce le ressort comique de Daumier ? On peut aussi remarquer que le wagon est plein, allusion certaine à la démocratisation du transport ferroviaire. Au fond, même en sureté, nous voilà avec un personnage envahisseur, potentiel casse-pied. Archétypal ? Pas tant que ça ! |
Changeons un peu, après la faune des voitures, égratignons les Compagnies.
Légende
Tiens Joseph!...v’là tout ce que j’ai à t’envoyer…trois paquets et un voyageur – Aie surtout soin des paquets !
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interprétation |
A l’arrivée à une station (on ne doit pas encore gare), un arrêt court : 30 secondes. Juste le temps de larguer ce qui doit l’être à savoir bagages et passagers… Traité comme un objet. |
Un dessin très simple et explicite de Daumier avec toujours un cadre très succinct mais avec cet élan vers le bas, jetant paquets et voyageur. Le lanceur a l’air rageur mais le réceptionnaire est passif avec son petit panier. Le voyageur va s’écraser. Il a l’air pourtant âgé et aisé (chaussures, pantalon ; le haute-forme n’est pas un critère car généralisé à toute la société). Daumier dénonce à la fois le peu de cas que font toutes les compagnies de leur voyageurs (les paquets sont plus soignés que les hommes) mais aussi dénonce un nouveau rapport au temps fait d’urgence, de chronométrage…la montre impose le mouvement, on ne prend plus le temps (déjà !). L’horaire contraint l’Homme. A titre anecdotique, c’est le train qui impose l’heure à toute la France…fini la référence au soleil, c’est l’heure de Paris qui s’impose à tous sinon les trains ne pourraient pas rouler, les itinéraires impossibles et les correspondances inexistantes. |
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interprétation |
En hiver, 3 voyageurs de 3° classe sont descendus du train par des employés car ils sont congelés. Si les personnages sont raides, on peut remarquer que Daumier donne 3 postures différentes aux 3 employés montrant ici sa maitrise de l’anatomie et du geste |
Cette situation est bien sûr caricaturale et jamais personne n’est mort congelé dans le train mais il faut savoir que les wagons étaient en bois et pour ce qui est des deux classes inférieures, autant dire que rien ne protégeait le voyageur. Le froid accentué par le vent réel et relatif devait être terrible et très difficilement supportable pour des voyages de plusieurs heures. En première classe, on pouvait demander (payer) des chaufferettes. Un agent passant pour installer des bouillottes dans les voitures, généralement au niveau des pieds. Cela avait une fonction de chauffe de quelques heures. Il fallait les changer régulièrement. Alors, rapidement, les voyageurs se sont équipés (premiers vêtements de voyages, chauds et confortables) mais aussi plaids, couvertures, voire coussins et pique-nique (complété par les vendeurs ambulants aux stations). La structuration du monde du voyage était en marche. Avec les années, les compagnies ont accru leur efforts de confort pour les passagers… c’était une question d’image (égratignée par Daumier) mais aussi d’attrait commercial pour garder et augmenter leur clientèle. |
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Un voisin agréable ?…tiens donc. Un homme, sans doute aisé, voyage assis au côté d’une femme seule. Absorbé ou ronchon, il n’a aucun savoir vivre. Il s'étale et fume ce qui incommode la dame. Il ne donne pas envie de discuter. |
Encore une scénette sans doute exacte. Même si l’espace du dessin est équilibré, l’opulence de l’homme semble occuper tout l’espace. Il s’impose, la femme s’efface. On peut remarquer que le chapeau couronné de la fumée du cigare n’est pas sans rappeler une cheminée de locomotive. Là encore, Daumier met l’accent sur l’inconnu; celui avec qui on va voyager et dont on ne sait rien. Pour le meilleur comme pour le pire et la société s’est mariée aux rails. Sans être extraordinaire, cette image me plait bien. On se plaint du manque de savoir vivre dans les transports…les débordements physiques (je m’installe) ou verbaux (voix et usage des portables), voire olfactifs comme la fumée…eh bien, tout ça n’a rien de nouveau visiblement. Et dire qu’on en trouve toujours un pour nous dire qu’avant c’était mieux. |
Terminons par une confrontation de deux œuvres de Daumier.
D'abord, Le Wagon de troisième classe (huile sur toile de 65,4 × 90,2 cm 1864): une peinture qui dénonce la pauvreté ;
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interprétation |
Il représente des voyageurs assis dans un wagon. Dans ce tableau réaliste, Daumier choisit de représenter le petit peuple de la troisième classe, afin de dénoncer la misère qui régnait dans une grande partie de la société. C'est, pour l'artiste, le reflet d'une réalité que certains préféraient occulter. Au premier plan nous avons une femme avec un jeune garçon à sa gauche et une jeune mère allaite à sa droite. Au second plan nous pouvons apercevoir d'autres personnes vivant également dans la misère, on remarque encore un homme barbu et haute-forme qui se tourne… Si on lit que le tableau est dominé par des horizontales, c’est faire abstraction des nombreux triangles de composition (quelques exemples) |
Cette représentation du réel est dérangeante par la force des regards. Les yeux sombres de la femme au panier, au premier plan, fixant le spectateur, paraissent accusateurs et traduisent le profond désarroi qui habite les petites gens dans leurs souffrances. La femme au premier rang a tout d’une madone. Position, voiles ; de plus, elle est au centre d’un trio avec un enfant effondré et une jeune mère qui a son bébé au sein. Juxtaposer jeunes et âgés permet de mettre les choses en perspectives. Les anciens sont poussés par une nouvelle génération mais on espère qu’ils auront une vie plus douce. La jeune mère inspire cette tendresse alors que la femme âgée reflète les difficultés de sa vie jusqu’au moment de l’image et qui vont se prolonger après cet instant. |
Comparons avec la suivante
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interprétation |
Dans cette aquarelle, « le wagon de première classe », Daumier change de registre. Je ne connais pas les dates de ces deux œuvres, cela pourrait être intéressant. La composition est beaucoup moins colorée dans des tons pastel avec une majorité de traits au crayon (du gris). On a une impression de douceur mais avec une question liée aux regards de ces 4 personnages (2 femmes et deux hommes alternés et d’âges différents). |
Les dessins sont très différents des caricatures. Ils sont plus détaillés mais aussi plus doux et justes dans les formes ; visages ronds voire charnus pour les femmes. Les femmes sont douces, occupées à regarder dehors ou lire. L’homme est attentiste, rêveur peut-être... Les trois personnages de gauche semblent attirés vers la droite : penchés, les regards se décalent en fonction de l’éloignement par rapport à la fenêtre. Ce mouvement est un décalage vers le centre de l’image. Seul l’homme à droite regarde ailleurs et il a clairement le regard attiré vers l’autre côté. Il est plus âgé. Est-ce une façon de nous faire comprendre qu’en fonction de l’âge, on ne s’intéresse plus aux mêmes choses, on a d’autres objectifs ou préoccupations. Qui sait ? C’est une image plus empreinte de douceur de vivre. Pas de reproche, pas d’interrogation si ce n’est le personnage âgés, qui amène une question au spectateur, à quoi pense-t-il ? |
Voilà quelques exemples des innombrables dessins de Daumier
À partir de 1865, il connaît des difficultés financières : il quitte Paris mais fait encore des caricatures politiques dans les années 1870, mais il perd progressivement la vue.
La bourgeoisie et les classes moyennes n'appréciaient guère la façon dont Daumier les ridiculisait; elles l'ont persécutées et se sont toujours refusées à voir en lui autre chose qu'un caricaturiste. Pourtant, son universalité est incontestable : Daumier est le premier grand artiste contemporain à se pencher sur le sort des opprimés en dénonçant les raisons profondes de leur misère matérielle et morale. Daumier est considéré de nos jours comme l'un des plus grands peintres français du xixe siècle avec quelque 500 tableaux.
Légende
...Nous approchons de ce grand tunnel où depuis le commencement du mois, il y a déjà eu trois accidents !
J'espère que cette plongée dans le monde de Daumier vous a plu et ne pensez pas que les chemins de fer étaient merveilleux au XIX°...les caricatures ont souvent un fond de vérité.
légende
- Dites donc père Loustalot…faut avouer que c’est un peu ennuyeux de voir comme ça toute la journée ses bras transformés en enseignes.
- N’m’en barlez Bas ! avec ça que je suis enrubé du cerbeau ! y’l’a drois quarts d’heure que j’ai enbie de me boucher le nez…mais j’ose pas ça pourrait compromettre la sureté d’un convoi…le premier boyageur que je verra, je le prierai de me rendre ce service !
La rigidité réglementaire poussée jusqu'au grotesque !
Merci monsieur Daumier